top of page

À l’instar de Théodore Monod, Raymond Mauny et Jean Devisse, Henri Henri-Jean Hugot nous a quittés le dimanche 8 juin 2014, dans sa 98e année. Né à Paris en 1916, il consacra sa vie à l’Afrique et plus spécialement au Sahara dont il devint l’un des spécialistes. Vie longue et riche, au parcours impossible à retracer en quelques lignes, dont nous tenons néanmoins à souligner ici quelques aspects.

Hugot faisait partie de cette génération d’hommes dont la culture encyclopédique et la passion pour la recherche du passé de l’Afrique ont su attirer nombre de jeunes étudiants, africains et africanistes. Beaucoup d’entre eux, aujourd’hui chercheurs ou enseignants à l’uni­versité, ont participé à ce qui fut l’un des derniers grands chantiers de fouilles archéologiques et de restauration en milieu désertique – celui du village néolithique d’Akreijit1 sur le Dhar Tichitt (fig. 1), en Mauritanie sud-orientale. Nous en faisons ­partie. Nombreux aussi furent les travaux universitaires, réalisés souvent sous sa direction, sur cette région particulièrement riche en vestiges archéologiques et géomorphologiques. D’autres écrits ont suivi et suivent encore la voie qu’il a ainsi tracée. Ses qualités humaines, sa bonne humeur – et souvent sa grande distraction – ont laissé des souvenirs ineffables en chacun d’entre nous. Les habitants de Tichitt et d’Akreijit, dont plusieurs ont travaillé sur le chantier de restauration, se souviennent toujours avec chaleur de lui. Et quel projet de restauration que celui de s’attaquer à un village aux épais murs de pierres sèches s’étendant sur plus de quinze ­hectares, en un lieu particulièrement difficile ­d’accès : seul un homme de son caractère a su oser l’entreprendre.

3De Haute Kabylie, où il part enseigner en 1948 en tant qu’instituteur, son parcours le conduira au travers du Sahara et de l’Afrique de l’Ouest, jusqu’au Museum National d’Histoire Naturelle de Paris, où il acheva sa carrière comme professeur sans chaire, sous-directeur du laboratoire de Préhistoire, tout en enseignant à l’université de Nanterre. L’abondance d’écrits, qui s’échelonnent de façon régulière sur plus de cinquante ans, témoigne de son intérêt en nombre de domaines et tout particulièrement pour la préhistoire du Sahara et la période néolithique.

4En 1951, alors qu’il est directeur d’école à Aoulef, dans le Tidikelt, en plein cœur du Sahara algérien, il s’intéresse aux vestiges préhistoriques de la région et publie son premier article dans le Bulletin de Liaison Saharienne. L’année suivante, il participe au congrès panafricain de préhistoire à Alger où il fait la connaissance de Théodore Monod. Articles, ouvrages, colloques et congrès s’enchaînent alors, et il gardera la plume jusqu’à près de 90 ans. Parmi ses écrits, son « Essai sur les armatures de pointes de flèches du Sahara » (1957) sert toujours de base de typologie à  bien des chercheurs. Une monographie sur ses recherches menées dans l’Ahaggar nord-occidental de 1950 à 1957, couvrant des périodes aussi variées que le Paléolithique inférieur, l’Atérien et le Néolithique, constitue le premier volume de la longue série des « Mémoires du Centre de Recherches Anthropologiques, Pré­historiques et Ethnographiques » (CRAPE) d’Alger et paraît en 1963.

5Au début des années 1960, attaché de recher­ches au CNRS, il s’installe à Alger où il est chargé de la section de préhistoire saharienne, pendant deux ans, au musée du Bardo. Il participe aux ­missions scientifiques Berliet-Ténéré-Tchad (1959-1960), accompagné d’Henri Lhote et de Raymond Mauny (fig. 2). À l’issue de ces grandes traversées de régions alors les moins connues du Sahara, les documents scientifiques faisant état des premiers résultats sont publiés en 1962 sous sa direction. Par sa formulation, cet ouvrage de 376 pages est déjà le témoignage de sa volonté de faire partager ses découvertes avec le plus grand nombre ; il constitue un indispensable complément scientifique à la connaissance du Sahara néolithique, ébauchée peu de temps auparavant par Henri Lhote lors de l’exposition sur les « Pein­tures préhistoriques du Sahara » au musée des Arts décoratifs à Paris en 1957.

En 1963, Henri Hugot succède à Raymond Mauny à la direction du département d’archéo­logie et de préhistoire de l’Institut Français d’Afrique Noire (actuel Institut Fondamental d’Afrique Noire, l’IFAN). Il sera secrétaire général du 6e congrès Panafricain de Préhistoire et de l’étude du Quaternaire (PANAF) de Dakar en 1967 et éditeur des actes. C’est de là que lui viendra l’idée de réaliser un petit manuel à but didactique destiné aux étudiants préhistoriens de l’Afrique francophone, « L’Afrique préhistorique » (Hugot 1970), que Lionel Balout, auteur de la préface, situe « dans les objectifs définis par le Congrès Panafricain de Préhistoire en vue de rendre possible une relève nécessaire à l’Afrique nouvelle, la protection de son patrimoine archéologique, l’extension des recherches aux régions encore trop peu explorées » (ibid. : 2).

7Dans les années 1970, il revient en France et devient maître de conférences, puis professeur, sous-directeur au Museum national d’Histoire naturelle à Paris. Ses études universitaires le mèneront jusqu’à la rédaction d’une volumineuse thèse d’État de près de 900 pages sur la néolithisation en Afrique saharienne et subsaharienne, soutenue en 1979 à l’université de Paris X Nanterre, sous la direction de Lionel Balout.

8Henri Hugot avait aussi le souci de faire connaître à un large public les résultats de ses recherches, tout en les replaçant dans les paysages qui lui étaient si chers. Plusieurs ouvrages, superbement illustrés par son ami photographe Maximilien Bruggman, virent ainsi le jour : sur le Sahara, le Maroc, le Tibesti, l’art rupestre… Il fut aussi le commissaire général d’une exposition « Le Sahara avant le désert », en 1974, au Museum national d’Histoire naturelle de Paris.

9Parallèlement, il fonda en 1978, aux côtés de Pierre Privat, psychanalyste et médecin, le GRETOREP (Groupe de Recherche sur l’Origine des Représentations Graphiques et Symboliques de l’Homo sapiens).

10Très attaché à sa famille, il avait été fort affecté par le décès de sa femme, Simone, psychologue et sociologue, survenu quelques années auparavant, et qui a toujours été un soutien tout au long de sa vie. Sa disparition laisse un grand vide parmi les archéologues sahariens qui l’ont bien connu ainsi que chez ses nombreux lecteurs. Profondément humaniste, il était toujours à l’écoute de ses ­étudiants comme des Sahariens qui ont partagé de nombreuses années de sa vie. De l’écrivain Roger Frison-Roche, qui avait fait partie de ­l’expédition Berliet, aux photographes qui illustrèrent ses ouvrages ou l’accompagnèrent lors de ses recherches pour mieux les faire connaître, pour tous Henri Hugot était aussi un « passeur ». Il aimait parler de ses découvertes avec ceux qui rêvaient de ces grands espaces désertiques afin de leur en faire mesurer la richesse passée et l’humanité de ses habitants.

Sylvie Amblard-Pison et Bernard Nantet

PROF. Henri.J.HUGOT (1916-2014)

Photo : B.Nantet

Henri-Jean Hugot en 1973 (Akreijit, Dhar Tichitt)

Le Bouclier saharien a été créé par la "Rahla" en 1935 pour distinguer les automobilistes ayant accompli une traversée du Sahara.

Les Sahariens sont les membres de l’association « La Rahla – Amicale des Sahariens ». Cette association accueille depuis 1946 tous ceux et celles qui se sentent concernés par le Sahara en raison de leurs activités passées ou présentes, de leur goût du voyage dans le désert ou, tout simplement, parce qu’ils y sont nés, y habitent ou pour l’intérêt qu’ils y portent.

Henri Jean Hugot fut un de ses présidents.

Ordre du Mérite Saharien (créé en 1958) Henri était chevallier du mérite saharien, sa décoration est argentée.

la dorée comme ici dessus étant pour les officiers.

Henri Jean Hugot Croix de guerre 39/45
Henri Jean Hugot Medaille du combattant
Henri Jean Hugot Palmes académiques
Henri Jean hugot Ordre du Mérite Saharien
Hugot Henri jean Officier du mérite Mauritanien
Henri Jean Hugot Officier du Mérite Sénégalais
Henri Jean Hugot Bataille de la Somme
Médaille du mérite Français
Henri Jean Hugot Médaille  engagé volontaire
bottom of page