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IN MEMORIAM

HOMMAGES À HENRI HUGOT

 

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 Le 8 juin 2014 s’est éteint à l’hôpital de Manosque, Henri-Jean HUGOT au crépuscule de ses 98 ans. Il laisse un grand vide autour de nous et bien des gens se souviennent avec émotion de l’homme et du scientifique qu’il fut. Voici quelques témoignages reçus par internet.

 

La revue algérienne « IKOSIM » a retracé sa carrière

 

 Henri-Jean HUGOT, né le 5 décembre 1916 à Paris, décédé le 8 juin 2014 à Manosque Instituteur à Zemorah (Kabylie) du 1-10-1948 au 30-09-1949 Directeur d’école à Aoulef-el-Arab (territoire des oasis) du 1-10-1949 au 30-09-1954 Stagiaire de recherche au CNRS (Musée du Bardo, Alger) du 1-10-1954 au 30-09-1956 Attaché de recherche au CNRS (Musée du Bardo, Alger) du 01-09-1956 au 30-03-1963 Assistant à l’IFAN (Dakar) du 01-04-1963 au 30-09-1966 Maître Assistant à l’université de Dakar, du 01-10-1966 au 01-10-1969

Maître de conférences titulaire au MNHN (Paris) depuis le 01-10- 1969 Professeur sans chaire au MNHN et à l’université de Vincennes DÉCORATIONS Croix de guerre 1939-1945 Croix du combattant Médaille commémorative de la Somme Chevalier du mérite saharien Officier de l’ordre national mauritanien Officier de l’ordre national sénégalais Officier des palmes académiques Chevallier de l’ordre national du mérite Officier de l’ordre des Arts et des Lettres N’a jamais cessé de s’intéresser à la préhistoire depuis l’âge de 12 ans. Après guerre c’est surtout le Sahara qui attira son attention.

Pour pouvoir l’étudier sur place, il sollicita en 1948, un poste d’instituteur. Dès 1950, affecté à Aoulef, territoire de oasis, il commença une recherche fructueuse qui le convertit définitivement à la préhistoire saharienne, et au néolithique en particulier dont il devient le spécialiste. Il eut la chance d’avoir encontre d’abord le professeur Balout qui s’intéressa à lui dès 1951, puis le professeur Th. Monod à qui il doit d’avoir pu succéder à R.Mauny à la tête du département d’archéologie-préhistoire de l’IFAN de l’iuniversité de Dakar, après avoir fait partie, à titre d’Attaché de recherche au CNRS, de l’équipe du professeur L.Balout au CRAPE d’Alger, pendnat 9 ans. Missions, fouilles, recherches dans les musée et travaux de laboratoire l’ont d’abord conduit à une thèse de 3° cycle consacrée à la préhistoire de l’Immidir, dans le massif central saharien, soutenue à Bordeaux en 1964. Affecté à luniversité de Dakar en 1963, il a pu obtenir que la préhistoire figure dans les matières enseignées à la faculté des lettres. Cet enseignement qui lui fut confié intéressa un nombre croissant d’étudiants, à l’intention de qui il rédigea un « manuel de préhistoire africaine » (Hatier, 1974) La connaissance qu’il a acquis du Sahara l’a conduit à regrouper l’ensemble de ses idées sur le Néolithique saharien dans une thèse d’état intitulée : « Le nouveau concept du Néolithique confronté aux réalités sahariennes. Essai suivi d’une tentative d’explication à la bande méridionale du Sahara de l’Ouest ».

L’une des raisons profondes qui l’ont décidé à étudier ce projet est la désaffection croissante des chercheurs français pour le Néolithique dans un temps ou des spécialistes du monde entier, lui consacrait une part importante de leurs efforts. Parallèlement à ses travaux de terrains, il a donné un nombre important de conférences destiné à mieux faire comprendre la préhistoire, ses recherches et ses méthodes et créer à l’occasion du VI° congrès panafricain de préhistoire et d’études du Quaternaire dont il fut le Secrétaire organisateur et le Secrétaire général, une « Commission pour l’étude et l’enseignement de la préhistoire africaine ». En ce qui concerne le néolithique dont les multiples faciès s’étendent sur la quasi totalité du Sahara, il a réussi à faire prendre corps une mission en Mauritanie dans la région de Tichitt et son remarquable ensemble de villages datés de 4 à 5 000 ans BP. Il réussit ainsi à mettre en évidence : - La présence d’une industrie à galets aménagés dans les alluvions anciennes du Tidikelt (Sahara algérien) - Une étude typologique des armatures de pointes de flèches - Une étude exhaustive de la préhistoire d’une région saharienne avec une mise en évidence de deux faciès régionaux : le néolithique de tradition captienne et le néolithique de tradition soudanienne. - La mise en évidence d’une ligne de paléolacs forant une barrière contre laquelle se sont heurtés les Atériens -

Des constations sur le Néolithique mauritanien : une influence climatique méridionale relativement tardive étant remontée jusque dans l’Adrar ; l’existence d’un faciès influencé par le NCP ; la présence d’un littoral tardif peut-être venu du Nord et l’existence d’un second faciès littoral probablement d’origine méridionale ; l’appartenance au système complexe du Tilemsi dans la zone située à l’Est de l’Aouker (Mauritanie). SOCIÉTÉS SAVANTES Société préhistorique française Société historique et archéologique de la Charente Société d’Anthropologie de paris Association française de l’étude du Quaternaire (AFEQ) Association pour l’étude du quaternaire de l’Afrique de l’Ouest (ASEQUA), ancien Vice-président Société des Africanistes Société des Sciences du Sénégal Président-fondateur du Groupe d’étude et de recherches sur l’origine des symboles Membre correspondant de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer …

Il fut également membre de très nombreuses commissions et membre du Conseil supérieur de la recherche archéologique. MISSIONS Immidir, 1950-52-56-57 El Oued 1959 Ifoghas 1959 El Goléa 1959 Berliet-Ténéré 1959 Berliet-Tchad 1960 Adrar de Mauritanie 1963-1964 USA 1965 Tichitt (Mauritanie) 1965, 1968 Ile de Tidra (Mauritanie) 1966, 1967 Angleterre, 1977 : étude de collections en provenance d’Égypte Danemark : étude des industries préhistoriques en vue d’une publication Haute-Volta : 1978 ORGANISATEUR RESPONSABLE D’EXPOSITIONS Berliet, Alger : 1961 Berliet, Paris (Musée de l’Homme), 1962 Préhistoire et céramique, Dakar : 1964-65-67 Missions Berliet à Sénanque (Vaucluse) ; installation du Centre d’études sahariennes, 1969 Le Sahara avant le désert, Paris (Muséum National d’histoire naturelle), 1974 Préhistoire, Marseille, 1975 Préhistoire, Auxerre, 1975 CONGRÈS Très nombreux congrès en Afrique (Algérie, Sénégal, Tchad, Libéria, , Éthiopie, Kenya,) en Europe (France, Espagne, Autriche, Canaries, Tchécoslovaquie, Allemagne) ENSEIGNEMENT Cours de préhistoire à l’IFAN (Dakar) Cours annuel de préhistoire à l’université de Nanterre 4 conférences par an à la Sorbonne, au Musée de l’Homme, à L’IPH, à l’étranger Plusieurs émissions de télévision Nombreux jurys de thèse Henri-Jean HUGOT fut un enfant de la guerre, de la « Grande Guerre », celle qui allait lui enlever son père à l’âge de 3 ans. C’est aussi dès l’enfance qu’il fut initié à la préhistoire quand il admirait dans le grenier de son grand-père, les silex entreposés de la grotte du Trilobite en provenance d’Arçay-sur-Cure. Farida Benouis (Préhistorienne ,Musée du Bardo, Alger, Ikosim) Quel malheur ! Je suis atterrée, véritablement peinée...Votre père me semblait très proche depuis que nous avions décidé de lui rendre cet hommage dans notre revue. Quel dommage qu'il ne puisse en être témoin, à 1 ou 2 mois près. L'hommage est, en même temps que tout le reste de notre n°, sur le point de partir à l'imprimerie, à présent que nous venons de terminer les dernières mises au point avec notre maquettiste. C'eut été tellement légitime qu'il puisse en prendre connaissance de son vivant et pour nous tellement gratifiant de pouvoir lui témoigner, en même temps que toute la communauté scientifique, notre reconnaissance.

Hélas, il en sera autrement, même si l'hommage sera bientôt là pour attester de tout ce qu'il aura apporté par sa passion à la préhistoire de l'Algérie... Permettez-moi, en mon nom personnel et au nom de toute l'équipe d'Ikosim et plus particulièrement au nom de Mme Najet Ain-seba, auteure du texte en hommage à votre père, de vous présenter toutes nos condoléances, à vous-même et à votre famille et de vous dire que nous sommes de tout cœur avec vous.

 

Michel Brun (ami de Dakar)

 Dont la maman, Violette, fut dans les années 1920, la grande amie de notre mère. Son père, le Colonel Carroure, artilleur, fut Commandant du fort de Gorée). J'ai reçu en milieu d'après-midi la triste nouvelle par un mail de Zabeth. Je lui ai immédiatement répondu en lui disant combien ton père avait compté pour nous. Je lui ai même confié qu'avant l'arrivée de la famille Hugot à Dakar, il avait été pour moi un véritable père de substitution à une époque de ma vie où j'étais en difficulté. Il m'a parlé comme un à être humain et je lui en serai éternellement reconnaissant. Il m'a aussi appris tant de choses ainsi qu'à Florence. C'était un homme exceptionnel. Une grande rencontre dans ma vie. Et avant ta venue à Dakar il m'avait parlé avec tant d'amour de ses enfants. Je n'avais encore jamais entendu cela au paravent. Je pense bien à vous. Annie et moi sommes de tout cœur avec l'ensemble de la famille Hugot. Nous vous embrassons tous affectueusement.

 

La Tribu Sèbe (Photographe)

Cher ami, Mes parents m'ont fait part un peu plus tôt dans l'après-midi de la triste nouvelle que vous leur avez communiquée en milieu de journée. Toute la tribu Sèbe en est profondément attristée, et nous regrettons à la fois la perte d'un ami cher et celle d'un grand savant. C'est un jour de deuil pour nous tous. Nos pensées s'associent à votre famille en cette période difficile, et soyez assurés que nous ressentons nous aussi un profond chagrin causé par la perte d'un ami que nous avions en haute estime. Je me suis permis de suggérer au rédacteur en chef de la revue Le Saharien de publier prochainement un In Memoriam, et espère que l'idée vous agréera. Nous vous prions d'accepter, cher ami, nos condoléances attristées et vous assurons de nos sentiments d'amitié en cette période difficile.

 

COLETTE ROUBET

Cher "ami" Vous permettez que j'utilise ce terme ? Nous nous sommes rencontrés à Dakar... il y a bien longtemps et vous m'aviez envoyé votre thèse. Votre père était pour Alger, un des piliers de la préhistoire, un de ces piliers souterrains que l'on voit peu et qui soutiennent l'édifice. Il nous laisse une œuvre plus que magistrale car elle conduit à la connaissance et aussi à la réflexion. Il vous laisse le plus bel héritage qui soit. Et, dans ces moments douloureux, je voudrais vous présenter ainsi qu'à tous les vôtres, mes condoléances les plus sincères et vous dire toutes mes pensées attristées. Avec mon meilleur souvenir.

 

BERNY SÈBE, UNIVERSITÉ DE MIRMIINGHAM

« Une vie consacrée à la science du Sahara et de son passé »

Né en 1916, Henri-Jean Hugot est le dernier représentant de l’élite des savants pluri-disciplinaires du Sahara encore parmi nous. A l’instar des Théodore Monod ou des Henri Lhote, qui nous ont quittés dans les deux dernières décennies, il s’est intéressé au cours de sa longue carrière scientifique à de nombreux aspects du passé des grands espaces sahariens, offrant des perspectives pionnières qui ont permis de notables avancées dans la compréhension des populations préhistoriques du Sahara. Après avoir étudié l’ethnologie et la paléontologie, Henri-Jean Hugot débute sa carrière de préhistorien avec plusieurs articles scientifiques fondés sur des fouilles qu’il a menées lui-même, notamment dans le Tidikelt algérien, « au pied du batèn du Tademaït, qui est à la fois un enfer torride et un paradis pour le préhistorien », comme le remarquait Lionel Balout1.Ces recherches conduites dans l’immédiat après-guerre contribueront à ouvrir de nombreuses perspectives pour la préhistoire saharienne, notamment en conceptualisant une possible période pré-néolithique dans la région. Au département de préhistoire saharienne du musée de préhistoire et d’ethnographie du Bardo à Alger, où il est stagiaire puis attaché de recherche au CNRS entre 1956 et 1962, Henri-Jean Hugot travaille avec les plus grands préhistoriens de l’Afrique du Nord, tels Maurice Reygasse, Gabriel Camps ou Lionel Balout.

Il participe aux deux missions Berliet Ténéré Tchad (novembre 1959-janvier 1960 ; octobre-décembre 1960), grandes expéditions scientifiques de Djanet à Fort-Lamy (aujourd’hui N’Djaména) dirigées par l’industriel automobile passionné du Sahara, Maurice Berliet. Alors qu’un autre grand Saharien, littéraire celui-là, Roger Frison Roche, se charge de raconter la mission au grand public grâce à un livre publié chez Arthaud, Henri-Jean Hugot se charge de la direction scientifique d’un imposant volume de près de quatre cents pages, luxueusement publié par les Editions des Arts et Métiers Graphiques, réunissant la somme des observations morphologiques, géologiques, préhistoriques et paléoclimatiques effectuées sur le trajet des missions. Accompagné d’un volume annexe réunissant les documents scientifiques, l’imposant ouvrage Missions Berliet Ténéré Tchad est resté jusqu’à nos jours une référence incontournable pour quiconque s’intéresse à la préhistoire et aux réalités physiques du Sahara2. La publication de ces volumes est suivie de peu par celle de ses Recherches préhistoriques dans l’Ahaggar Nord-occidental, 1950-1957, véritable inventaire de l’état des connaissances sur le Paléolithique inférieur, l’Atérien et le Néolithique dans la région du nord du Hoggar (essentiellement l’Immidir). Henri-Jean Hugot y remarquait déjà ce qui allait apparaître comme un leitmotiv dans sa relation au désert : « Le Sahara en lui-même est une autre chance pour qui sait le voir comme le plus merveilleux livre d’images qui ait été gardé au préhistorien par la sage et prévoyante nature. »3 C’est également au cours de cette période qu’il tente d’établir dans son Essai sur les armatures de pointes de flèches du Sahara une typologie de l’un des artefacts les plus répandus sur l’ensemble des territoires sahariens, et qui fut un élément vital pour la survie de civilisations de chasseurs. Il y démontre notamment la richesse et la diversité des formes de cet outil au Sahara4. Après l’indépendance de l’Algérie, la carrière de Henri-Jean Hugot se déplace vers l’Afrique de l’Ouest : à Dakar, il prend la suite de Raymond Mauny comme directeur du département d’archéologie et de préhistoire à l’Institut français (devenu « fondamental » en 1966) d’Afrique noire, l’IFAN, de 1963 à 1969. C’est là qu’il se rapproche d’une région qui deviendra l’un de ses terrains favoris, le Dhar Tichitt, où il mènera de nombreux chantiers de fouilles à partir de 19665. Ses observations dans le Sud-Est mauritanien fourniront, aux côtés de celles menées dans le Sahara algérien, une grande partie de la matière offerte dans l’une des ses œuvres majeures, l’ouvrage Le Sahara avant le désert, qui présente une vision synthétique des populations sahariennes aux temps préhistoriques. Ce livre pionnier tentait de tirer le meilleur d’un siècle de fouilles archéologiques au Sahara, brossant un portrait humain de la région depuis la période pré-Néanderthalienne jusqu’aux époques lybico-berbères, et tentant de distinguer par là-même les diverses influences qui ont marqué le Néolithique saharien (en particulier les traditions capsienne et soudanienne, qui ont laissé, d’après Henri-Jean Hugot, « des civilisations matérielles différentes, voire opposées »). Plus généralement, il y avance avec justesse que « la finalité de la Préhistoire c’est en définitive de rendre à l’homme la connaissance totale de son passé »6. Les années 1970 voient Henri-Jean Hugot revenir en France métropolitaine, où il exerce notamment le rôle de vice-directeur du Museum national d’histoire naturelle et de sous-directeur au Musée de l’Homme. Il poursuit en parallèle sa production scientifique, continuant notamment son travail sur le terrain mauritanien. En tant que Professeur des universités, Henri-Jean Hugot dirige également de nombreuses thèses, ce qui lui permet de faire fructifier l’héritage intellectuel qu’il laisse à la profession.

Il co-dirige en 1981 un volume de mélanges offerts au grand préhistorien Lionel Balout (1907-1992), preuve de sa place éminente dans la préhistoire française de l’époque7.En parallèle à ses nombreuses activités scientifiques et administratives, Henri-Jean Hugot a aussi pris le temps de communiquer ses résultats au grand public. Il a ainsi écrit les textes de plusieurs ouvrages photographiques, tels Les gens du matin, dix mille ans d’art et d’histoire (1976), Sahara toujours recommencé (1979)8, Sahara art rupestre (1999) ou Tibesti, Sahara interdit (2005).Il a également produit plusieurs ouvrages de vulgarisation préhistorique pour le public scolaire en France et en Afrique, et dirigé le programme de préhistoire pour l’enseignement primaire en Afrique francophone et à Madagascar. Henri-Jean Hugot est correspondant de la 5e section de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, et reste intellectuellement actif, faisant face avec détermination à une santé fragile et au choc représenté par la perte de son épouse Simone en juillet 2006. Il est soutenu en cela par ses nombreux enfants, unis par un précieux sentiment d’appartenance familiale.

 

BIBLIOGRAPHIE 1 H.-J. Hugot, « Du Caspien au Tidikelt », Actes du IIe congrès P.P.E.Q., 1955, p. 601-3 ; « Un gisement de pebble tools à Aoulef », Trav. de l’I.R.S. (13), p. 131-49 ; « Sur quelques coquilles du Mouydir (Sahara central) », Lybica, 1957 (5), p. 21-31. La citation de Lionel Balout relative au Tidikelt provient de sa préface au volume de Henri-Jean Hugot, Le Sahara avant le désert, Toulouse, Editions des Hespérides, 1974, p. 11. 2 H.-J. Hugot (dir.), Mission Berliet Ténéré-Tchad. 9 nov. 1959-7 janv. 1960, 23 oct. 1960-9 déc. 1960, Paris, Arts et Métiers Graphiques, 1962 ; Mission Berliet Ténéré-Tchad. 9 nov. 1959-7 janv. 1960, 23 oct. 1960-9 déc. 1960 : documents scientifiques, Paris, Arts et Métiers Graphiques, 1962. 3 H.-J. Hugot, Recherches préhistoriques dans l’Ahaggar nord-occidental, Paris, Arts et Métiers Graphiques, 1963, p. 5. 4 H.-J. Hugot, « Essai sur les armatures de pointes de flèches du Sahara », Lybica, 1957 (5), p. 89-236. Réimpression : Calvisson, Editions Jacques Gandini, 1991. 5 Voir par exemple, parmi ses nombreux travaux sur ce thème, H. J. Hugot, « Tichitt, réflexions sur le néolithique de l’Ouest africain », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, 1972 (11), p. 31-33 ; H.-J. Hugot, « Où en sont les fouilles de Tichitt ? », Miferma informations, 1973, p. 42-47 ; H.-J. Hugot et M.-P. Hugot-Buffet, Tichitt, Mauritanie du Sud-Est : étude de la ville actuelle, Paris, Ministère de la Coopération, 1977. 6 H.-J. Hugot, Le Sahara avant le désert, Toulouse, Editions des Hespérides, 1974. Les citations proviennent des pages 90 et 18 respectivement. 7 C. Roubet, H.-J. Hugot et G. Souville (dir.), Préhistoire africaine, mélanges offerts au Doyen Lionel Balout, Paris, A.D.P.F., 1981. 8 H.-J. Hugot et M. Bruggmann, Les gens du matin, Sahara : dix mille ans d’art et d’histoire, Paris, La Bibliothèque des Arts, 1976 ; H.‑J. Hugot, J.-M. Durou et J. Jaffre, Sahara toujours recommencé, Paris, Hachette, 1978 ; H.-J. Hugot et M. Bruggmann, Sahara art rupestre, Paris, Les éditions de l’Amateur, 1999 ; H.-J. Hugot, P. Frey, M. Bruggmann, R. Depardon, A. et B. Sèbe, Tibesti, Sahara DES ILLUSTRATIONSPOUR CITER CET ARTICLE Référence papier Berny Sèbe, « Une vie consacrée à la science du Sahara et de son passé », PALEO, 24 | 2013, 279-280. Référence électronique Berny Sèbe, « Une vie consacrée à la science du Sahara et de son passé », PALEO [En ligne], 24 | 2013, mis en ligne le 07 avril 2014, consulté le 01 octobre 2014. URL : http://paleo.revues.org/2697

 

Ginette Aumassip (Préhistorienne, Musée du Bardo) Alger Denis et Agueda Vialou (Préhistorien, Institut de Paléontologie Humaine, Paris)

 

Cher Monsieur, Par notre ami Bernard Nantet, nous avons appris avec une grande tristesse, mêlée de nostalgie, le décès d'Henri votre père. Il fut pour nous un ami très proche. Ensemble, et avec Simone, nous avions fondé le Gretorep (préhistoriens et psychanalystes). Je (Denis) lui avait succédé dans son poste au Muséum. Nous organiserons une séance du Gretorep (sans doute le 1er octobre) en hommage à sa mémoire. Par ailleurs, nous (DV) avons transmis la nouvelle à l'Académie des Sciences d'Outre-mer dont il était membre. Avec nos sentiments de grande sympathie, pour vous-même et toute la famille Hugot.

 

Colette Roubet, Pr. émérite au MNHN, Institut de Paléontologie Humaine, Paris

Bonjour Monsieur Hugot, J'apprends par mon collègue et ami Denis Vialou le décès de votre père, Henri-Jean Hugot. Cela me rend vraiment triste. Ayant été "élevée" scientifiquement au CRAPE, alors que votre père le fréquentait -quand il n'était pas au Sahara- j'ai beaucoup appris de lui et d'autres qui entouraient M. Balout, notre Maître et notre Directeur d'alors. Je suis la dernière étudiante d'Alger du Doyen Balout et celle qui s'est chargée avec H.-J. Hugot du livre d'Hommages que nous lui avons offert. Le rappel de ces lointains souvenirs, au moment de vous présenter mes condoléances attristées, remue un long passé. Lorsque j'ai quitté Alger en 1973, je suis venue soutenir mon doctorat d'Etat en 1976, à l'Université de Nanterre, puis je suis entrée au MNHN, comme Maitre de conf. succédant à notre ami Pierre Biberson. Nous nous sommes retrouvés autour de M. Balout, directeur de l' IPH. Depuis ces temps lointains je n'ai jamais coupé avec l'Algérie préhistorique, et, à l'Académie des Sc. d'outre-mer où j'ai été élue, je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer H.-J. Hugot, hélas. Il était déjà un peu tard. Dans le cadre de l'Encyclopédie berbère j'ai moi-même écrit la notice consacrée à MENIET en souvenir de ses travaux pionniers, devenus climatiquement très intéressants, à la suite des travaux des collègues Italiens, dans l'Acacus encore. Personne en Algérie n'a repris le chemin du terrain exploré par H.-J. Hugot, tout reste à réactualiser et valoriser. Peut-être le ferait vous vous même un jour? A Alger, l'actuel CNRPAH a accueilli Marceau Gast, généreusement, il y a quelques années avant son grand départ. Peut-être si vous le souhaitez, cette expérience du retour au CRAPE pourrait être tentée? Si vous le souhaitiez j'accompagnerai de mon mieux votre demande auprès de mon ami le Dr. Slimane HACHI. Recevez l'expression de mes condoléances très sincères, avec mes cordiales pensées.

 

Colette Roubet,

Bonjour Cher Georges, me permettez-vous de vous appeler par votre prénom? Oui je me souviens de tout ce que vous avez signalé dans votre message, chaleureux et ému. Du superbe voyage en avion militaire en Mauritanie à l'occasion du magnifique Congrès Panafricain de Préhistoire de Dakar de 1967 le premier de ma carrière. Comme j'étais insouciante, heureuse, bien entourée scientifiquement en milieu Africain paisible et accueillant! je venais d'entrer au CNRS (1966), comme attachée et j'avais donc quitté la coopération Franco-Algérienne ( Fin1963-64- à fin 1966: années non validées pour la retraite!) Oui l'excursion dans le Sine Saloum, avec R.Mauny, puis celle en Mauritanie avec Monod nous attendant au puits d'El Beyyed avec les chameaux, après notre première escale à Saint-Louis avec Hugues Faure et, puis Faya-Largeau, la Maqteir, l'Acheuléen, l'Atérien etc.. : magnifique, inoubliable. Dans le laboratoire de R. Vaufrey, que L. Balout m'attribua, ce fut assez difficile climatiquement et scientifiquement de me retrouver a l'IPH, installée au sous-sol gris-noir et poussiereux d'alors! C'est encore de là pourtant que je vous écrit et où je reviens quotidiennement travailler, car j'y ai déposé ma bibliothèque entière et que je ne peux pas travailler sans mes Amis les ouvrages, à côté de moi. Trop de visages sont pour moi ainsi présents et rassurants! Oui je connais bien l'Ami Ali Sayad que j'embrasse de bon coeur et à qui je transmets, grâce à vous, dans un grand sourire toute ma complicité du CRAPE... du temps de Mouloud Mammeri. Dites-lui que ces moments-là ne s'effacent pas, tant qu'un autre ailleurs les partage! Et à vous, cher Georges, que je suis heureuse de découvrir HDR! j'adresse mes vives félicitations pour cet extraordinaire parcours professionnel, fierté, donnée à vos Chers Parents. Je me souviens bien aussi de votre douce Maman Simone, partie trop tôt! Ce pan d'histoire commune ne doit pas nous attrister, il reste vivant. Veillez, SVP, sur votre santé, dites à l'entourage qui vous aime que d'autres vous aiment à distance. Si vous avez des travaux en PDF, faites les moi connaitre, car la paléoclimato africaine reste toujours parent pauvre, comme la géomorphologie. Connaissiez-vous mon ami Jean-Louis Ballais, lui aussi passé à la retraite mais actif intellectuellement notamment avec l'Encyclopédie berbère! Le réseau s'est tellement réduit que je fais figure de Dinosaure. Recevez mes très chaleureuses salutations, avec l'espoir de vous rencontrer un jour, passez un bon été.

 

Sylvie (Berriès), ancienne étudiante ayant participé à la mission de Tichitt.

Ma réponse est un peu tardive mais j’étais sur le terrain en fouilles sans connexion internet. C’est avec tristesse que j’ai lu votre mail. J’avais vraiment été très touchée pas notre échange de courriers. N’ayant pas de réponse à ma dernière lettre je pensais bien que votre père devait être très fatigué. Je vais transmettre cette nouvelle à ses anciens élèves, je sais qu’ils seront touchés car nous parlons régulièrement des expériences incroyables et irremplaçables qu’il nous a permis de vivre en Mauritanie. Avec toute mon affection.

 

Eric Boëda (ancien étudiant ayant participé à la mission de Tichitt)

Bonjour Je viens d'apprendre avec un grande tristesse le décès de votre père. Je tenais à vous faire part de mes condoléances. J'ai eu l'occasion de participer à deux missions Tichitt et je garde un souvenir inoubliable de votre père. Il faisait preuve d'une humanité remarquable. Je garde toujours en mémoire nos discussions sous la tente, où nous l'écoutions tous avec attention. C'était un homme bon que j'aurais eu la chance de connaître.

Bien cordialement.

 

Amadou Sall, (sociologue, université de Nouakchott) 16 juin, 2014 23:11 Cher ami, ton père est très connu en Mauritanie. Nous sommes conscient de l'amour que toute votre famille porte pour la Mauritanie et vous en sommes reconnaissant. Je suis très admiratif de cette grande admiration que tu voues pour tes parents. Je n'oublie pas le mail que tu m'avez après notre séjour en France m'annonçant le décès de ta mère. Tu me disais à peu prêt ceci. Ma mère s'en est allée à 96 ans, entourée de tous ces enfants. Très sincèrement, j'avais trouvé cette manière de mourir particulièrement digne. J'ai bien aimé également les quelques mots que tu as prononcés à l'endroit de ton père. Que Dieu te donne la force de supporter cette douleur et que la terre lui soit légère. Avec ta permission je partagerai l'information avec mes compatriotes pour que ceux qui l'on connu et ses amis qui ne manquent pas en soient informés. Bonne nuit

Amicalement.

 

Arnaud Deloffre (ancien étudiant de G.Hugot)

Voilà une bien triste nouvelle. Il restera dans mon souvenir comme l'image de ces grands explorateurs qui ont marqué mon enfance - avec cette rare chance d'avoir pu le rencontrer. Ces derniers jours n'ont pas dû être faciles pour vous tous. Je vais bien, je te remercie. Beaucoup de travail. J'ai reçu un mail de Julien Chraibi avec une pièce jointe qui parle de l'aménagement touristique de la falaise de Banfora ! Ravi de revoir des photos de la Falaise, mais cela m'a foutu une claque ! : 15 ans déjà ! Peut-être auront nous l'occasion de vous croiser durant l'été. Faites moi savoir si vous descendez à Montfroc.

A très bientôt j'espère.

 

Bernard Nantet (photographe, anthropologue, ancien des missions de Tichit)

Je suis désolé d'apprendre cette nouvelle. Tu sais combien j'appréciais ton père et ses qualités humanistes. Transmets mes amitiés aux autres membres de ta famille. On reste en contact pour tout témoignage éventuel concernant les moments de sa vie que j'ai pu partager (photos, textes, etc). Comme j'ai un exemplaire du manuscrit de La Mort du coq, je vais m'y replonger pour voir si je trouve quelque idée pour trouver un éditeur (en liaison avec toi, bien sûr !). Avec mes amitiés sincère.

 

Alex DECOTTE (Photographe)

Mon cher Georges, Même avec beaucoup de retard, je viens te dire toute la tristesse éprouvée à l'annonce de la mort d'Henri. J'espère que nous aurons l'occasion de croiser un jour le regard et la parole pour reparler de lui (beaucoup) et de nous (un peu). A bientôt donc.

 

Académie des Sciences d’Outre-Mer (Séance du 16 octobre 2015) Présenté par Colette Roubet

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Mesdames, Messieurs, Cherès Consoeurs, Chers Confères, Voici un Hommage à Henri-Jean HUGOT, Nous avons appris le décès de notre confère et ami Henri-Jean Hugot le 8 juin 2014. Il était Professeur honoraire au Muséum National d’Histoire naturelle de Paris. Cet hommage à la carrière d’un passionné du Sahara préhistorique souhaite rappeler des moments et des activités scientifiques particulières, accompagnant une personnalité attachante et joviale, que reconnaitront ceux qui l’ont connu et entendu, ici ou sur le terrain. J’ai eu ce privilège de le voir s’émerveiller, à Alger d’abord, au toucher de ses premières collections provenant du Tidikelt, puis à Sénanque, devant celles de la célèbre Mission Berliet-Ténéré-Tchad et, plus tard, devant celles du Sénégal, à Dakar. Je l’ai revu à Paris, à l’Institut de Paléontologie Humaine et au Muséum, mais pas dans la 5ème section de notre Académie qui l’avait reçu en 1978, comme Correspondant. Il s’était déjà replié à Manosque. C’est là qu’il s’est éteint parmi les siens, après le départ de son épouse Simone en 2006. Henri-Jean Hugot s’est totalement consacré au Sahara occidental. Comme un encyclopédiste il en a fait revivre le passé préhistorique, en a fait comprendre et admirer la biodiversité quaternaire la plus étendue, aux côtés du dernier Savant Africain Théodore Monod, son Maître, à l’occasion de grandes expositions nationales, il s’est aussi penché sur le vécu des hommes et des femmes fréquentés, nous montrant, dans plusieurs ouvrages, leur total attachement aux espaces naturels, dénudés aujoud’hui de leurs Ancêtres. Né à Paris en 1916, sa carrière militaire se prolonge en 1939, il fait alors campagne en Allemagne [au 10è RAC], pendant la Deuxième Guerre Mondiale, il recevra la Croix de guerre 1939-45, la Croix du Combattant et la Médaille commémorative de la Somme. Quittant la France, il entame en 1948 une carrière d’enseignant en Algérie. Il est affecté en Kabylie, à Zemoura (terre des oliviers), dans les Bibans, au nord de Bordj Bou Arréridj. Il rejoint ensuite avec son épouse les territoires sahariens où il est affecté en 1954 comme directeur d’école à Aoulef. C’est dans le vaste Tidikelt qu’il s’installe et développe sur ce terrain saharien une formation de naturaliste. S’intéressant à tout, il acquiert une multitude de connaissances par le dialogue avec les militaires en poste à In Salah-Aoulef, connaissances qu’il développe en nouant des relations avec les météorologistes des stations dispersées, les scientifiques (géologues, botanistes climatologues) de l’Université d’Alger, du CNRS, de l’IMPG (Institut de météorologie et de physique du globe), enfin les alpinistes du club grenoblois. Il constitue un recueil de faits précis sur les coutumes des Hommes Bleus, leurs codes sociaux et tribaux. Durant cette première période exaltante, il fait de nombreuses découvertes d’industries préhistoriques, qui le conduisent à se spécialiser. Non loin de son école d’Aoulef, par exemple, il découvre un « foyer cendreux » préhistorique, en place. Les documents intacts l’incitent à prendre contact avec Alger. Notamment avec le Centre de recherche qu’animent son directeur le Pr. Lionel Balout et son équipe, ayant aussi en charge le Musée du Bardo. C’est auprès de ce Maître en Préhistoire nord-africaine qu’il se forme, et c’est à lui qu’il soumet ses résultats successifs (1953,1955) rapidement publiés dans la revue Libyca. Ces débuts prometteurs lui permettent d’être recruté au CNRS, comme stagiaire, puis Attaché de recherche (1956-1962). Il quitte alors la vie saharienne pour rejoindre Alger et se trouve inséré dans le projet scientifique du Centre. La réouverture au public des galeries du Musée du Bardo en est l’objectif. Réinstaller les collections anthropologiques, préhistoriques, ethnographiques mises à l’abri à Ouargla, pendant la guerre, est un aventure créative, collective, que tous les chercheurs remplissent avec bonheur et enthousiasme, H.-J. Hugot aussi. Chargé de la muséologie saharienne, il présente ses collections du Tidikelt, de l’Ahaggar et ses fouilles dans le Mouydir, à Méniet. Son élan entraîne de généreux Sahariens à offrir leurs « trésors » au Musée ; en 1957 on installe ceux du Colonel R. Thiriet, dans une salle qui lui est dédiée, auprès d’autres collections prestigieuses. Notamment celles d’Abalessa, ramenées par l’ancien directeur Maurice Reygasse, à la suite de la découverte du tombeau de Tin-Hinan, ancêtre des Touaregs. D’autres donateurs avaient déjà fait de tels gestes (Lieutenant Minette de Saint-Martin, Commandant B. Blaudin De Thé, Lieutenant César, Mission Augiéras-Draper, notamment). Ce patrimoine culturel saharien est désormais exposé à côté de celui que livre l’exploration des régions septentrionales. Bien que composé de « belles pièces entières typiques » ce patrimoine a le mérite de mettre en évidence, pour la première fois au Musée du Bardo d’Alger, toutes les étapes culturelles d’un passé préhistorique inconnu. H.-J. Hugot réfute après Théodore Monod le « vide culturel » et l’absence de peuplement préhistorique saharien, en montagne et dans les ergs, en exposant ses plus anciens outils sur galets provenant d’Aoulef pour évoquer un très ancien Paléolithique; en rassemblant diverses pièces d’un Paléolithique Moyen (Moustérien-Atérien) du Tidikelt ; en consacrant la dernière période au Néolithique saharien, qu’il affectionne. Il installe une multitude de pointes de flèche (qu’il vient d’étudier en 1957), de grandes céramiques entières et plusieurs haches polies, pour évoquer divers aspects du genre de vie des dernières populations préhistoriques pastorales du Sahara central, avant l’aridification actuelle. Ainsi s’installe avant 1960, sur le continent Africain préhistorique, qu’explorent à l’Est et au Sud diverses missions étrangères, la certitude de l’existence d’un Sahara préhistorique anthropisé et fertile, occupant le nord de l’Equateur. Ce territoire-clé a été le témoin de plusieurs peuplements et de migrations anthropiques, fauniques et botaniques. Cette conviction se fonde une large biodiversité disparue (que confirmera pour l’Holocène notamment, l’art rupestre du Tassili d’Algérie qu’Henri Lhote fait connaitre à Paris, avec ses premiers relevés peints). Retenons de ces activités de terrain et de musée, très chronophages, une solide expérience, qui sera mise à profit plus tard, à Paris. Ayant obtenu son doctorat de 3ème cycle en 1964 à l’Université de Bordeaux, il publie le résultat de ses « Recherches préhistoriques dans l’Ahaggar Nord Occidental 1950-1957 ». Dans ce Mémoire il dresse un bilan critique des premières découvertes et présente la monographie de « Méniet », site localisé non loin d’un lac holocène, sur les piémonts du Mouydir, qui a livré en fouille les témoins d’occupations, datées vers 3495± 380 avant JC. Henri-Jean Hugot va en effet retrouver les grands espaces sahariens en participant aux expéditions des Missions Berliet-Ténéré-Tchad (de Djanet à Bilma à Fort-Lamy : Djamena) qu’organisent les industriels Maurice et Paul Berliet et leur Société « Automobiles M. Berliet » installée à Alger. Pendant six mois, entre novembre 1959-janvier 1960, puis entre octobre-décembre 1960, en camions « Gazelles » tout terrain et en hélicoptère, il retrouve sur le terrain, le long d’itinéraires inconnus, privés de carte, la vie d’une équipe soudée de 80 personnes, composée de scientifiques et de techniciens. L’apport des premières photos aériennes de l’IGN (1953-1957) vient compenser ces déficiences. Leur butin scientifique est extraordinaire (plus de deux tonnes). Les « Documents Scientifiques » en présentent les pièces les plus marquantes. L’ouvrage parait en 1962, publié par H.-J. Hugot, mais les temps troublés d’alors (Indépendance de l’Algérie) ne lui accordent pas tout l’intérêt, ni la reconnaissance qu’il mérite. Préfacé par le Doyen Lionel Balout de l’Université d’Alger et par les Présidents Hamani Diori du Niger et François Tombalbaye du Tchad, cet ouvrage luxueusement illustré (ed. AMG, Paris) souligne l’exploit technique et scientifique accompli, reposant sur une organisation et une logistique, inégalées. Aucune autre expédition scientifique française de cette envergure n’a depuis traversé ce désert. Pour suivre le sort en France de ces superbes collections faisons un bond jusqu’en 1974. C’est en 1974 qu’une grande partie de cette collection sera présentée et mise en scène à Paris, au Museum national d’Histoire naturelle, par H.-J Hugot, alors commissaire, aux côtés du Pr. Théodore Monod. Cette exposition intitulée « le Sahara avant le désert » offrait au regard de tous des pièces choisies, identifiées, restaurées et valorisées par de belles photos, montrant les lieux de découverte. Cette exposition qui attira spécialistes et sahariens circulera en France avant d’atteindre Sénanque-La Rahla (amicale des Sahariens) où les collections Berliet ont été déposées. Rappelons maintenant une étape antérieure et brillante de la carrière d’H.-J. Hugot qui s’est déroulée au Sénégal, après ses missions Berliet. Affecté à l’Université de Dakar (1963-1969) il succède à l’IFAN au Pr. Raymond Mauny, Président de l’Institut Fondamental (depuis 1966) d’Afrique Noire et enseigne la Préhistoire. Entre temps, Dakar ayant été choisie et élue capitale africaine par les instances internationales chargées du déroulement, tous les cinq ans, du Congrès Panafricain de Préhistoire et de l’Etude du Quaternaire, le Dr. Hugot est élu Secrétaire général. Il organise alors en décembre 1967 la VIème session. Elle sera inaugurée par le Président Léopold Sedar Senghor et son premier ministre Makhtar M’Bow. Rencontrant un grand succès, dans les commissions et sur le terrain d’excursion en Mauritanie, cette manifestation s’achève avec la publication des actes, par ses soins, en 1972. Rentré en France en 1970, il est nommé Maître de conférences, sous-directeur du Département de Préhistoire, au Museum national d’Histoire naturelle. Avec passion, comme ses nombreux collègues, il ré-enchante et fait alors revivre « le Sahara avant le désert » à l’aide de films, de conférences et mille anecdotes. Puis il part en Mauritanie. Là-bas, dans le pays du Président Mokhtar Ould Dada, où s’est rendu en excursion le VIème Congrès panafricain, il est entouré de jeunes chercheurs entamant des thèses sous sa direction. Lui-même entreprend des recherches sur les premières cultures néolithiques pastorales au Dhar Tichitt (exploré depuis 1912). Plusieurs chantiers sont ouverts dans le secteur gréseux des falaises de Tichitt-Walata. Ensemble ils dressent un répertoire des stations de gravures rupestres et des vestiges de villages agro-pastoraux remontant à la période comprise entre 4000-2000 BP. Tous surplombent la cuvette du Hodh. C’est là que sera ultérieurement attestée pour l’Afrique de l’Ouest la mise en culture du millet, céréale fondamentale dans l’alimentation des populations sédentarisées, mise au jour par une nouvelle génération de chercheurs poursuivant les travaux du Pr. Hugot, comme Sylvie Amblard et Augustin Holl. Il soutiendra son doctorat d’Etat en 1979, devant l’Université de Nanterre. Ouvrage intitulé « Le Néolithique saharien » dans lequel il lance un plaidoyer insistant sur le respect des différences culturelles et la valeur particulière des dernières civilisations sahariennes, éloignées des schémas et méditerranéens, proche-orientaux et européens. Tout en dirigeant de nombreuses thèses, le Pr. Hugot rassemble une large documentation qui nourrit son enseignement doctoral et ses publications ; il co-dirige avec Georges Souville, notre confrère disparu, et moi-même un volume de « Mélanges » offert en 1981, en hommage au Doyen L. Balout. Après 1991, il prend sa retraite, heureux de pouvoir évoquer le Sahara dans des conférences. Il fait découvrir au public de lointains paysages de pierre d’une grande beauté qui, près d’un puits, servent de haltes aux caravanes, et aux pasteurs, qu’il approche et fait parler. Il a ainsi écrit pus d’une centaines de travaux et publié en collaboration avec des amis photographes de talent comme Maximilien Bruggmann plusieurs ouvrages photographiques consacrés aux « Gens du matin, dix mille ans d’art rupestre et d’histoire » en 1976, « Sahara toujours recommencé » en 1979, « Sahara et art rupestre » en 1999, « Maroc millénaire » en 2001,« Tibesti, Sahara interdit » en 2005. Ces ouvrages adressent tous un hommage aux actuelles populations, qui résistent aux changements des hommes et de la nature. Retiré à Manosque et portant fièrement les insignes de Chevalier du Mérite Saharien, il devint en 2013 Officier dans l’Ordre des arts et des Lettres.

Henri Jean Hugot Préhistorien
Henri Jean Hugot Croix de guerre 39/45
Henri Jean Hugot Medaille du combattant
Henri Jean Hugot Palmes académiques
Henri Jean Hugot Ordre du Mérite saharien
Hugot Henri jean Officier du mérite Mauritanien
Henri Jean Hugot Officier du Mérite Sénégalais
Henri Jean Hugot Bataille de la Somme
Médaille du mérite Français
Henri Jean Hugot Médaille  engagé volontaire
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