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J'ai commencé ma carrière scientifique à Tîchît, en année de maîtrise de géographie alors qu’il guidait mes premiers pas dans la palmeraie pour m'expliquer les grandes lignes du relief et l'origine des dépôts paléo lacustres. Le savant qu'il était, le fin pédagogue toujours disponible et attentif allait faire naître en moi une vocation qui devait me projeter vers la reconstitution de paysages vieux de 8 000 ans. En association avec les préhistoriens qu'il dirigeait sur le chantier de fouilles d'Akréijit à une quarantaine de kilomètres de Tichit, il m'a permis d'entamer des recherches de géomorphologie et de présenter une thèse de troisième cycle sur les dépôts  de l'ancien lac de l'Aouker. Il était aimé de tous, des chercheurs comme des chauffeurs et des manœuvres qui travaillaient sur le chantier et qui l'appelaient "Rigau" : tous appréciaient son humour, sa bonne humeur, sa rigueur dans les décisions immédiates à prendre et son sens de la justice. Il avait su établir ces rapports humains que seul un milieu hostile sait créer, en toute humilité. Il savait diriger sur le terrain, il savait être ferme, il savait dénouer les situations bloquées, se battre avec l'administration, recruter de jeunes chercheuses et chercheurs de talent. L'ancien instituteur saharien d’après guerre, assoiffé de sciences, érudit parmi les érudits, (Il a travaillé avec des historiens, des sociologues, des médecins, des psychiatres…) rare scientifique à n'avoir pas eu de cursus universitaire classique (passé du baccalauréat au doctorat de 3°cycle, puis d'État), il aimait les hommes, il aimait l'Afrique plus que quiconque et il fut décoré par des présidents des premières républiques africaines dont les noms sont chargés d'estime : Mokhtar Ould Daddah, Léopold Sédar Senghor… après avoir reçu de la France le mérite saharien. D'autres distinctions suivront dont il ne fera jamais aucun cas : les palmes académiques, l'ordre du mérite Français…

Il fut le digne représentant de "Colas Breugnon" de Romain Rolland, son cousin, qui lui dédicaça avec cette phrase "Pour lui rappeler qu'un bon Bouguignon ne perd jamais le rire, quoi qu'il arrive". Il le gardera jusqu'à la fin.

Georges HUGOT

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